Il est fréquent depuis un certain temps, de voir certains magistrats prendre publiquement la parole à travers généralement les réseaux sociaux et la presse pour s’exprimer sur une situation leur concernant personnellement ou leur corporation.
Très récemment les réseaux sociaux ont été inondés par une interview du procureur Idrissa H. Touré de la Commune IV dans laquelle il s’attaque à l’ancien ministre de la justice Me Mohamed Aly Bathily. Selon lui, ce dernier voulait le radier de la magistrature. Il évoque ainsi la méchanceté qu’il a subie pendant sa carrière de la part de certains magistrats. Il affirme qu’il a été victime d’injustice au sein de la justice malienne où il a connu des mutations illégales, qui lui ont permis de prouver sa valeur et d’en sortir glorifié aujourd’hui. Cette sortie du procureur Touré n’a pas été appréciée par beaucoup de personnes malgré qu’il est en train de redorer le blason de la justice malienne notamment son tribunal. En plus, plusieurs magistrats dont des leaders syndicalistes font des sorties médiatiques. Cependant, ils viennent d’être mis en garde par le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, garde des sceaux, Mamoudou Kassogué.
En effet, dans une lettre circulaire du 03 février 2022, il s’adresse à tous les magistrats en services dans les juridictions et ceux des services centraux du ministère de la Justice et des droits de l’homme. Il fait savoir qu’il lui est revenu de constater que depuis un certain temps, certains magistrats s’adonnent à des sorties médiatiques sur les réseaux sociaux et dans la presse, se caractérisant par des déclarations ou des propos qui jurent avec les principes d’éthique et de déontologie auxquels ils sont astreints.
A cet effet, le ministre Kassogué tient à leur rappeler qu’en application de ces principes, les Magistrats doivent s’abstenir d’adopter des comportements susceptibles d’entacher le crédit du corps ou de porter atteinte à la délicatesse de leur mission. « Aussi, voudrais-je, par la présente, saisir cette occasion pour rappeler que les manquements aux règles de déontologie, telles résultent de la Loi n°02-054 du 16 décembre 2002, modifiée, portant statut de la magistrature, ne sauraient continuer à être tolérés », énonce-t-il.
En conséquence, le ministre indique que le département prendra toutes les dispositions nécessaires, à travers l’Inspection des services judicaires et la Direction nationale de l’Administration de la justice, afin que les contrevenants aux pertinentes dispositions édictées par le statut de la magistrature répondent de leurs actes. Avant de rappeler que le respect dû au corps est une obligation à la charge de chaque magistrat et il en appelle au sens élevé de responsabilité de chacun pour un changement qualitatif de comportements dans l’intérêt supérieur du corps de la magistrature.
S.B. TRAORE